Les ananas
Je veux placer ici quelques conseils sur la culture
de l'ananas en France. J'expérimente depuis un an maintenant,
et je voudrais synthétiser ici les résultats de mes
lectures et apprentissages personnels, et éventuellement
confronter mes propres observations aux différentes
affirmations que j'ai pu trouver ça et là.
Préparer la bouture
Il y a au moins deux méthodes pour commencer
la culture de la plante, qui toutes deux partent de la couronne de
feuilles (plumet, ou autre nom) qui se trouve sur les fruits que l'on
achète. Personnellement, j'ai bien essayé mais n'ai
jamais réussi à faire prendre une bouture à
partir de fruits non cultivés en agriculture biologique.
Les deux méthodes consistent à couper
le plumet, et à lui enlever toute partie qui ne consiste pas
en feuilles. Pour cela, il suffit de couper assez loin du plumet, et
de tirer vers le bas la partie orange. Quand cela devient plus dur,
il faut s'en prendre aux toutes petites feuilles et enlever écaille
par écaille. Puis on continue à défeuiller la
couronne, comme un artichaut, en laissant bien apparente la base des
feuilles, et que ce soit blanc. A partir de là, deux
possibilités :
- mettre à tremper dans un fond d'eau la base
de la couronne (mais vraiment la base, pas plus haut). La seule fois
où j'ai réussi cette méthode, l'ananas trempait
alors qu'il était en plein soleil. Et je changeais l'eau tous
les jours. J'ai constaté que l'avantage de cette méthode
était que les racines poussaient de façon très
uniforme et harmonieuse. J'ai mis en terre une fois que j'avais trois
ou quatre centimètres de racines.
- planter directement le plumet en terre, et
vaporiser. Pour planter un ananas, mon expérience et mes
lectures me font recommander de ne pas l'enfouir, mais de ne mettre
en terre que la base. A ce moment, il faut vaporiser assez
généreusement la plante.
La première méthode m'a toujours
semblé étrange, parce qu'à partir d'un
raisonnement extrêmement plat, je me disais qu'on ne pouvait
pas à la fois dire qu'une plante n'apprécie pas l'eau
stagnante dans son pot, et la faire partir de cette manière.
J'ai essayé de résoudre cette contradiction et j'en ai
tiré les enseignements que je détaille plus bas.
Voici l'illustration de cette étape :
Il faut aborder ici dans l'ordre les trois points
qui font le plus question : le substrat, l'arrosage, le climat.
J'adjoins aux deux premiers points une petite remarque sur la
fertilisation.
Planter la bouture
Dans quoi faut-il planter l'ananas ? Les conseils
concordent assez sur cette question. D'abord il faut une terre plutôt
acide, et les données vont de 4,5 à 6,5 de PH. D'autre
part, l'on dit que l'ananas est demandeur en potassium, ce qui
s'entend pour une plante qui a des feuilles épaisses, et qui
donne un gros fruit. Mais en même temps, me suis-je dit, il
faut bien nourrir toutes ces feuilles avec de l'azote. Alors voilà
comment je m'y suis pris. Beaucoup préconisent d'utiliser un
mélange bien drainant, composé notamment de sable. J'ai
opté pour un terreau de bonne qualité, composé
de matières premières gérées durablement.
Il est de la bonne acidité, mais aussi composé
d'argile, en plus des traditionnels composts d'écorces et
engrais ajouté. Ce n'est pas un mélange drainant, mais
je vais expliquer ici et au point suivant pourquoi je pense que ce
n'est pas gênant. A ce terreau, dernièrement, j'ajoute
du fumier de mouton, d'une marque que j'ai découverte parce
que le sac était à moitié prix : Alp'humus. Le
fumier de mouton a eu des résultats tout à fait
saisissants sur le feuillage de mes autres plantes ; je me suis dit
que celles-ci ne devraient pas en souffrir. J'ai donc ajouté
cela. Enfin, je mange souvent des bananes, Et voici ce que je fais :
je coupe les peaux en fines lamelles, que je fais sécher au
soleil, et que j'ajoute dans le trou où je mets l'ananas, sans
mettre la base directement au contact de ces peaux. Je pose la plante
d'abord sur du fumier de mouton. Elle trouvera ensuite de quoi tirer
du potassium si elle arrive à accrocher celui qui se trouve
dans les peaux. On se dira que je pourrais mettre les peaux toutes
fraiches dans la terre. Ce n'est pas une mauvaise idée du tout
; elles se décomposent très bien et favorisent
l'apparition d'une population tout à fait intéressante
dans le sol. Mais elles produisent beaucoup d'humidité aussi,
ce qui semble parfois ne pas convenir aux racines. Voilà donc
pour mon mélange ; j'ai dit qu'il ne fallait pas enfouir la
plante. Car en effet elle n'aime pas l'eau stagnante. Mais en fait,
ce que la plante n'apprécie pas, me semble-t-il, c'est que la
base des feuilles soit trop exposée à l'humidité.
Dans ce cas, elle pourrit. Alors, une fois que j'ai posé ma
plante sur le mélange dans lequel elle est destinée à
croitre, je couvre le tout avec un paillage que l'on peut choisir
comme on le souhaite. Dans le bois qui se trouve à proximité
de chez moi, j'ai ramassé les déchets de la coupe des
arbres ; une sorte de bois fragmenté. J'en mets une bonne
épaisseur, de manière à ce que l'ananas tienne
là-dedans. On peut aussi mettre des billes d'argile, ou de la
coque de noix de coco. Ce que l'on veut de sec et qui fait bien
ruisseler l'eau.
Venons-en, justement, à la question de
l'arrosage.
Là aussi, les témoignages concordent.
L'ananas est une plante qui n'aime pas l'excès d'eau. Mais,
comme toutes les autres, elle ne pousse pas bien quand elle en
manque. Pour ma part, il y a une chose que je pratique très
abondamment, c'est la vaporisation. Jusqu'à quatre ou cinq
fois par jour, si le temps est vraiment sec. Ce qui est le cas sur
mon balcon, dans ma région. J'arrose véritablement,
c'est-à-dire au pied de la plante, une fois par semaine, et
plus rarement même. Et j'arrose avec, dans l'eau, de l'engrais
dilué. Jusqu'à il y a peu, je considérais qu'il
n'était pas normal de devoir ajouter des fertilisants. Je
constate que cela permet à la plante de faire de belles
feuilles, d'autant que je pense que le terreau se sera épuisé
assez rapidement. Je rajoute donc un engrais pour plantes vertes,
utilisable en agriculture biologique, qui comporte de l'azote et du
potassium, mais pas de phosphore, à 5%. Il est dit et répété
que l'ananas se nourrit par ses feuilles plus que par ses racines ;
j'arrose donc toujours les feuilles. Si je dispose d'un extrait d'une
plante qui est riche en l'un quelconque des éléments
nécessaires, je vaporise avec. Le purin d'orties, la décoction
de prêle, fonctionnent bien.
Venons-en à l'exposition.
Dans tous les cas, l'ananas est une plante qui
apprécie un soleil très généreux, me
semble-t-il. Pour ma part, c'est bien sûr au cours des durant lesquels mes ananas ont été
généreusement exposés à la chaleur que
j'ai obtenu les développements les plus réjouissants.
On peut lire ça et là que l'ananas prospère
idéalement dans une tranche de température, en deçà
et au-delà de laquelle la croissance de la plante est
sensiblement ralentie, ou nulle : de 18 à 26 ° Celcius.
Pour ce qui est d'en deçà, c'est tout à fait
clair : tout l'hiver, mes ananas n'ont quasiment pas fait de feuille.
Mais j'attribue aussi cela au fait qu'ils étaient assez peu
exposés au soleil. En été, ils peuvent
bénéficier de 7 à 8 heures d'ensoleillement
continu (sur mon balcon) et il fait très chaud (température
autour de 30, mais le soleil, quand il frappe sur les pots, doit
accumuler une assez grande chaleur). C'est ce qui me fait dire que le
dépassement des températures n'est pas si problématique
que l'on peut le dire, car vraiment mes plants sont très beaux
et les boutures que j'ai commencé à faire sont parties
à toute vitesse ; j'espère que les photos le montrent.
Il paraitrait également que l'ananas n'aime
pas l'excès de soleil. Je pense que cette remarque vaut
essentiellement pour le moment où le fruit se développe,
mais de cela je ne peux encore témoigner. Tout ce que je peux
dire est qu'il y a peu de plantes qui sont aussi résistantes à
la chaleur, me semble-t-il, et à l'exposition directe à
un soleil aussi brûlant.
Voici quelques images de l'évolution :
La reprise d'une bouture
Une bouture peut partir de différentes
manières. J'ai pu observer trois types de reprises, en dehors
de celle qui est visible ci-dessus, à savoir que les feuilles
du centre continuent à pousser.
J'ai dit ci-dessus qu'il était préférable
d'utiliser un ananas issu de l'agriculture biologique pour parvenir à
avoir une plante. Ce choix apporte à la fois un inconvénient,
et un autre avantage : bien des personnes apprécieraient de
cultiver des ananas Victoria et il est vrai qu'il est plus difficile
d'en trouver en AB. Pour ma part, j'en ai trois. Il y a en revanche,
et c'est là l'avantage, une variété d'ananas que
j'ai plus souvent trouvée en AB, c'est l'ananas Pain de sucre,
dont j'ai réussi à faire deux boutures. Il paraitrait
que l'ananas Victoria donne plus rapidement un fruit que son grand
frère. J'imagine également que la plante est moins
importante. Parfois, on peut lire que pour avoir un fruit
concurrençant ceux du commerce, il faut avoir un plan
avoisinant les 1m80 de hauteur, longueur des feuilles au plus haut
développement de la plante. Pour l'heure, ma plus grand plante
atteint péniblement les 80 cm de hauteur.
On peut, pour résumer, assez facilement avoir
trois variétés d'ananas en France, à partir de
ce que l'on trouve sur le marché, et il n'y en a pas beaucoup
plus qui sont cultivés, dans le monde.
Pour la suite, aller sur la page "Floraison et fructification d'un ananas"
Et pour plus de précisions sur l'ananas Victoria, aller sur la page qui lui est dédiée.
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Et pour plus de précisions sur l'ananas Victoria, aller sur la page qui lui est dédiée.
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